Une éducation, chagrin d'amour

Drame, Carey MulliganPar Emmanuèle Frois23/02/2010 |

Twickenham, Londres 1961. Jenny (Carey Mulligan), jolie et brillante lycéenne de 16 ans, ambitionne d'étudier la littérature anglaise à Oxford, joue du violoncelle et ne rêve que de la France, de son cinéma, de ses écrivains, Sartre et Camus en tête, de Juliette Gréco. Sur son tourne-disque, elle écoute sa chanson Sous le ciel de Paris. L'avenir de Jenny est tout tracé. Ses parents, issus de la petite bourgeoisie, veulent la voir réussir. C'est sans compter sur David. Le beau, le séduisant David (Peter Sarsgaard), 35 ans. Elle fait sa connaissance un jour de pluie, il lui propose de la reconduire chez elle dans sa voiture de sport, une Bristol bordeaux. Parvenu à embobiner ses sévères parents, il fait mener à Jenny, à la sortie du lycée, une existence bien plus palpitante que l'étude de ses dissertations latines. Vente aux enchères chez Christie's, concert de Ravel à St John sur Smith Square en compagnie de Danny (Dominic Cooper) et Helen (Rosamund Pike), les fascinants amis de David. Il y a aussi les virées dans les clubs de jazz, une escapade à Oxford, une autre à Paris pour fêter son anniversaire. Le jour de ses 17 ans, elle se donne à David, qui la demande en mariage. Jenny est sur le point d'accepter lorsqu'elle découvre qu'il n'est pas du tout celui qu'il prétend être…

Carey Mulligan

La jeune comédienne anglaise est la révélation d'Une éducation. Elle est époustouflante dans le rôle de Jenny, cette ado de 16 ans qui découvre l'amour dans les bras d' un homme mûr. Nuancée et subtile dans son jeu, elle est aussi convaincante en lycéenne fraîche et pimpante qu'en jeune fille élégante, remplie d'un charme à la Audrey Hepburn. Elle avait 22 ans lorsqu'elle a tourné le film de Lone Scherfig. Elle est aujourd'hui bien placée dans la course aux oscars, après avoir reçu le Golden Globe et le Bafta de la meilleure actrice.

Critique

Atmosphère, atmosphère. Romanesque et chagrin d'amour sont au rendez-vous d'Une éducation, de la Danoise Lone Scherfig. Une réalisation classique, sans esbroufe, mais qui palpite, déborde de vie, suivant au plus près, cœur et âme, le scénario de Nick Hornby. C'est d'ailleurs l'auteur de Carton jaune et deHaute Fidélité qui est à l'origine du film. Inspiré par les brèves mémoires de la journaliste britannique Lynn Barber à propos de sa liaison avec un homme bien plus âgé qu'elle au début des années 1960, le romancier en a tiré l'essence même avec ce portrait sensible, piquant et émouvant de Jenny, une ado de 16 ans. Récit initiatique, Une éducation séduit par la justesse du trait et du ton, qu'il s'agisse du passage de Jenny (divinement interprétée par Carey Mulligan) de l'adolescence à l'âge adulte, de ses relations avec ses parents, son professeur et ses copines de lycée ou de son premier amour, qui a les traits de David (séduisant et troublant Peter Sarsgaard). Ce trentenaire cultivé, imprévisible, étourdit de champagne et de sorties l'adolescente ivre d'amour et de liberté. Lone Scherfig réussit à mêler subtilement comédie et drame, moments de mélancolie, de grandes espérances et de désillusions. Elle restitue également parfaitement l'époque, celle d'un Londres cru 1961, pluvieux, un brin morose, monotone et conservateur, à l'aube du Swinging London.

Une éducation, Drame de Lone Scherfig, avec Carey Mulligan, Peter Sarsgaard, Alfred Molina, Dominic Cooper. Durée : 1 h 38.

UNE EDUCATION

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