«Magic Retouches», roman de Françoise Dorner. Albin Michel, 152 p., 14€.

Ce petit roman est immense. Françoise Dorner va droit aux nerfs, droit à l'émotion, tout en gardant ce moelleux et cette tendresse qui font d'elle un auteur à suivre de très près. Après La Fille du rang derrière et La Douceur assassine, successivement couronnés par l'académie Goncourt et l'Académie française, voici son troisième roman. On y voit la jeune Justine, 12 ans, grandir comme elle peut entre le souvenir d'une mère morte, un père retoucheur qui lutine les clientes dans les cabines d'essayages, sans oublier une grand-mère vivant dans le souvenir d'un mari héroïque et d'un grand-père qu'elle prétend être le Soldat inconnu, à la grande fierté de Justine. Dans l'art d'aimer, tous les trois sont d'une maladresse à la fois touchante et exaspérante : quelque chose ne va pas, mais quoi ? On l'apprend à la toute fin du livre. En attendant, un tueur en série s'attaquant dans Paris à des adolescentes va permettre à Justine de montrer ruse et bravoure : «Il ne tuera plus personne, se jure-t-elle, ou alors ce sera moi.»

Tout l'art de Françoise Dorner consiste à choisir des scènes où ses personnages donnent le plus fort d'eux-mêmes. Les rôles secondaires, dessinés en deux répliques et trois détails, sont d'une grande efficacité. Pas une longueur, pas une faiblesse, pas un mot inutile ou déplacé dans ce livre court, mais qui va très loin. A la fois enquête policière, comédie de mœurs et drame familial, Magic Retouches est comme son héroïne : déluré, libre et doux.

MAGIC RETOUCHES

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