Par Delphine Chayet

25/02/2010 |

Crédits photo : Le Figaro

Des tensions au sein d'un foyer recomposé précipitent souvent le départ.

Les enfants de parents séparés quittent le domicile familial plus tôt que les autres. Qu'elle soit la conséquence d'un divorce, du décès d'un parent ou de son absence depuis la naissance, c'est la recomposition familiale qui favorise cette décohabitation anticipée des jeunes Français.

«Ces enfants ont un an et demi à deux ans de moins, en moyenne, que ceux de parents unis lorsqu'ils s'installent dans un logement indépendant », indique Catherine Villeneuve-Gokalp, citée dans l'étude Portraits de familles que publie l'Institut national d'études démographiques (Ined). Les filles s'émancipent plus vite que les garçons. Et les enfants élevés par leur père partent plus tôt encore que ceux qui vivaient avec leur mère. «En couvant moins son enfant, le père favorise peut-être un apprentissage plus précoce de l'autonomie», suggère Catherine Villeneuve-Gokalp.

Lien fragilisé avec le père

«Construire des liens avec une belle-mère reste plus compliqué qu'avec un beau-père, observe de son côté Laurent Toulemon, chercheur. L'enfant commence à vivre avec son père et sa belle-mère à un âge avancé, souvent à l'adolescence.» Le lien, moins spontané, se crée parfois difficilement et l'adolescent, qui ne trouve pas sa place, cherche à voler de ses propres ailes. Des relations familiales tendues, voire conflictuelles, favorisent d'autant plus un départ précoce.

Aux yeux de Catherine Audibert, psychologue, c'est plus souvent par désir de fuir un conflit de loyauté que le jeune majeur prend son indépendance. «Lorsqu'ils sont petits, on impose aux enfants leur lieu de résidence , mais ils retrouvent la liberté de choisir entre les deux foyers à l'adolescence, explique-t-elle. Ce tiraillement, qui peut être très lourd à porter pour eux, les pousse à chercher un lieu de vie plus neutre.»

Autre constat, mis en évidence par l'Ined : un lien très fragilisé avec le père en cas de rupture des parents. Devenus indépendants, les enfants de divorcés voient deux fois moins leur père que leur mère. Ils sont ainsi 40 % à rendre visite à leur mère au moins une fois par semaine, alors qu'ils ne sont que 19 % à voir leur père à cette fréquence. À terme, ce sont les petits-enfants qui en sont affectés dans leurs relations avec leur grand-père.

«Pendant des années, la garde des enfants était systématiquement confiée à la mère, créant un éloignement des pères», souligne Catherine Audibert, soulignant que la situation est en train d'évoluer : «Ces jeunes ont 30 ans aujourd'hui. Mais la nouvelle génération aura des liens différents, car les pères sont aujourd'hui beaucoup plus présents dans l'éducation de leurs enfants.»

ENFANTS DE DIVORCES ET DEPART DU DOMICILE

Partager cet article