Faudrait-il laisser les ados dormir le matin ?

Publié le mercredi 15 septembre 2010 à 06h00

«Quitte à être dans l'utopie, on pourrait même adapter les classes en fonction du chronotype des élèves...», envisage le biologiste. Photo AFP

«Quitte à être dans l'utopie, on pourrait même adapter les classes en fonction du chronotype des élèves...», envisage le biologiste. Photo AFP

Alors que le ministre de l'Éducation, Luc Chatel, a lancé hier une consultation nationale sur les rythmes scolaires, soulignant que les premiers changements de rythmes pourront commencer à être mis en oeuvre « à partir de la rentrée 2012 », un biologiste du CNRS interviewé par « Le Parisien » milite pour que les ados commencent les cours plus tard le matin.

« Laissons dormir les ados le matin ! », lance André Klarsfeld, biologiste au CNRS et auteur de Les horloges du vivant - Comment elles rythment nos jours et nos nuits.
Alors que le ministre de l'Éducation a lancé hier la phase active de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, à travers des consultations sous diverses formes, cet expert affirme dans les colonnes du Parisien Aujourd'hui en France d'hier qu'il faudrait « expérimenter des jours de classe plus adaptés au rythme biologique des adolescents ».

« Ne pas démarrer les cours avant 9 h 30 ou 10 h »
André Klarsfeld se réfère à des travaux récents de chercheurs allemands de l'université de Munich, qui « ont clairement établi que le chronotype varie selon les âges de la vie ». Ce chronotype, appelé couramment « horloge interne », correspond à deux types de fonctionnement : « Il y a les "alouettes", plutôt du matin, et les "hiboux", plutôt du soir. » Or l'enquête menée par les chronobiologistes allemands montre « qu'à l'adolescence l'horloge interne tend de plus en plus vers le "hibou", jusqu'à atteindre un pic à 19 ans : on constate alors jusqu'à deux heures de décalage d'horloge interne avec les plus jeunes enfants ! », souligne le biologiste français.
Si les ados se couchent tard et qu'ils ont du mal à se lever le matin, ce n'est donc « pas - seulement - par esprit de rébellion ! », s'amuse André Klarsfeld. Pour mieux respecter le rythme naturel des jeunes, « si l'on estime que vers 15 ans, l'adolescent "hibou" a en moyenne une heure et demie de décalage dans son horloge, il vaudrait en effet mieux ne pas démarrer les cours avant 9 h 30 ou 10 h », affirme-t-il au Parisien.
Une orientation qu'il ne reste plus qu'à proposer au cours des consultations lancées hier par Luc Chatel. Celles-ci se dérouleront sur plusieurs niveaux : u n site internet (www.rythmes-scolaires.fr) est ouvert dès aujourd'hui au grand public, tandis qu'une autre consultation va être menée dans chaque académie. Enfin le comité de pilotage commence le 21 septembre une série d'auditions, en premier lieu des fédérations de parents d'élèves et des représentants des enseignants.
Toutes ces consultations alimenteront un pré-rapport qui doit être remis à Luc Chatel à la mi-janvier, puis des propositions au printemps 2011.

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