Par Marie-Noëlle Tranchant
18/11/2010 |
Lou (Nina Rodriguez), surdouée de treize ans, fait la connaissance de No (Julie-Marie Parmentier), SDF de dix-huit ans, et se prend pour elle d'une amitié passionnée. (Diaphana)

Zabou Breitman conte dans No et moi la rencontre d'une lycéenne et d'une SDF.

Une histoire d'adolescentes entièrement élaborée par des mains féminines. Roman de Delphine de Vigan, adapté par Zabou Breitman et Agnès de Sacy, mis en scène par Zabou Breitman. Ce n'est pas du brutal. Pas une boisson d'hommes. Même s'il est question d'âpres réalités.

Lou (Nina Rodriguez), surdouée de treize ans, élève de seconde dans un lycée parisien, va découvrir le monde de l'exclusion, la misère et la violence de la rue. À l'occasion d'un exposé, elle fait la connaissance de No (Julie-Marie Parmentier), SDF de dix-huit ans, et se prend pour elle d'une amitié passionnée.

Chez elle, Lou vit entre un père affectueux et compréhensif (Bernard Campan) et une mère (Zabou Breitman) profondément dépressive depuis la mort en bas âge de sa deuxième fille. Avec l'impétuosité de son âge, Lou va remuer ciel et terre pour sauver No et réveiller sa mère de sa léthargie mortifère. Elle obtient de ses parents d'héberger la jeune SDF, qui trouve bientôt un emploi de femme de chambre dans un hôtel. La cohabitation semble d'abord bénéfique à la famille et aux deux amies, qui forment un trio avec Lucas, copain de lycée bohème de Lou, joliment silhouetté par Antonin Chalon.

Mais No est vite reprise par les démons de sa vie errante. Alcool, drogue, prostitution. Le père de Lou, qui avait passé un pacte avec elle en l'accueillant, déclare forfait et la met à la porte. Lou, furieuse, est prête à suivre No dans la rue.

Zabou Breitman signe un joli film d'apprentissage, qui se cogne à la réalité avec la candeur rageuse de l'enfance. Tout est vu par les yeux de Lou, interprétée avec beaucoup de spontanéité et d'intelligence par la jeune Nina Rodriguez. Face à elle, Julie-Marie Parmentier a un jeu très dessiné. C'est une marginale stylisée, comme idéalisée par le regard de Lou et son innocence.

La noirceur est filtrée par cette candeur. Le film y prend une sentimentalité douce-amère qui parvient à éviter le sentimentalisme. Il y entre des courants d'air glacés et d'âpres découvertes, des accès de joie de vivre et de colère. Et le paysage parisien est finement traité.

No et MOI

Partager cet article