DE NICOLAS UNGEMUTH
05/02/2010 | le figaro

Jason Reitman, malin réalisateur de feel-good movies (Juno ou le récent In the Air avec George Clooney), ne s'est, une fois de plus, sans doute pas trompé en décidant d'adapter au cinéma ce doux roman signé Joyce Maynard. L'ex-compagne de Salinger, surnommée à tort la «Françoise Sagan américaine», y développe avec une grâce de compétition le thème chéri du ciné américain à tendance indie : les troubles de l'adolescence, sans qu'ils soient jamais réellement troublants. Ici, à la fin des années 80, un jeune homme de 13 ans, élevé par une mère positivement timbrée, voit le monde derrière un voile naïf : la vie est un vélo trop petit dont les pneus sont toujours à plat. Jusqu'au jour où sa génitrice recueille chez eux un présumé tueur fraîchement évadé, repris de justesse, et sans doute innocent. Le fugitif est un ange ; la mère, collectionnant depuis trop longtemps les toiles d'araignée dans sa collection de sous-vêtements, est sous le charme, et l'adolescent, d'abord sceptique, s'éprend de cet accort et rustique marginal avant de le jalouser. Puis de découvrir l'amour dans les bras osseux d'une maigrichonne locale un brin dérangée. Dans ce huis clos de quelques jours, tout pourrait être niaisement mignon à la manière des films du même genre, mais Maynard - drôlement juste dans son regard d'ado de sexe masculin - désamorce chaque piège et achève son roman avec une avance rapide efficace comme un lavage d'estomac. Cette langue étrange qu'est l'adolescence a rarement été si bien traduite.

- Long week-end, de Joyce Maynard, Editions Philippe Rey, 286 p., 19 euros. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise Adelstain.

LONG WEEK END

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