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BLOG DE L'ADOLESCENCE
6 décembre 2010

ANTI FESSEE ET VIOLENCES MORALES


19/11/2010 

La pédiatre et députée UMP Edwige Antier a déposé une nouvelle proposition de loi pour lutter contre l'humiliation des enfants. 

Punir ses enfants sera-t-il bientôt interdit par la loi ? Les parents vont-ils désormais devoir peser chaque mot avant de tancer leurs garnements ? Un an après sa proposition de loi contre la fessée - resté lettre morte - la pédiatre et députée UMP Edwige Antier vient de faire enregistrer une nouvelle mouture du texte en l'élargissant à la lutte contre les violences psychologiques infligées aux enfants. «Mon projet est inspiré de la loi contre les violences faites aux femmes qui a institué un délit de violence psychologique conjugale, souligne la députée. Elle a ouvert la porte à ma proposition.»

Alors que l'on célèbre samedi l'anniversaire de la signature de la convention internationale des droits de l'enfant, le docteur Antier estime que la France n'est pas à jour en matière de protection de l'enfance. Sur recommandation du Conseil de l'Europe, une vingtaine de pays européens prohibent les châtiments corporels. Aussi propose-t-elle d'inscrire une loi dans le Code civil (et non dans le Code pénal) pour préciser que «les titulaires de l'autorité parentale n'ont pas le droit d'user de violences physiques, d'infliger des souffrances morales ni de recourir à aucune autre forme d'humiliation de l'enfant». Cet interdit serait indiqué aux futurs parents lors de leur union et inscrit dans le carnet de santé de l'enfant, selon les articles 2 et 3 de sa proposition.

 

Des soutiens inattendus 

 

À l'époque du premier projet «anti-fessée», les critiques étaient allées bon train. Les plaisanteries aussi. «Depuis, l'idée a fait son chemin dans les mentalités», estime Edwige Antier qui a obtenu la cosignature d'une vingtaine de députés. Parmi eux, l'ancien judoka français David Douillet, député UMP des Yvelines depuis un an. «Il a été sensible au texte car, enfant, il a lui-même subi des humiliations de la part d'une maîtresse d'école», raconte Edwige Antier. Autre soutien inattendu, celui d'Hervé Mariton, député UMP connu pour son attachement aux valeurs familiales. «Ce n'est pas un texte d'interdiction sur la fessée, précise-t-il. Il s'agit de rappeler que l'éducation est faite d'autorité et la violence n'est pas le bon chemin de l'autorité.» La proposition de loi laisse d'ailleurs une large part à l'interprétation. «Une petite tape sur la main n'est pas la meilleure solution mais ce n'est pas de la violence, selon Hervé Mariton. Toute punition n'est pas humiliation. Toute réprimande n'est pas violence.» 

Malgré ces appuis, le projet continue d'agacer bon nombre de professionnels de la petite enfance, d'associations familiales et de politiques. Le pédiatre Aldo Naouri n'hésite pas à parler d'«ineptie». Le pédopsychiatre Marcel Rufo se montre égalementcritique. «L'effet pervers de cette loi, c'est de vouloir imposer une image de parents parfaits. Nous sommes tous des parents moyens et cela ne sert à rien de culpabiliser ceux qui ont du mal, avance le spécialiste des adolescents. Tous les parents peuvent dire des méchancetés. De temps en temps, on a le droit de ne pas supporter son enfant, de le trouver pénible.»

 

Un texte jugé «redondant» 

 

Spécialiste de l'enfant et de l'adolescent, le psychanalyste Philippe Jeammet craint que le texte «n'offre une arme supplémentaire aux parents divorcés ou séparés qui se bagarrent au détriment de l'enfant». À son instar, nombre d'opposants à la politique de la main levée jugent cependant inopportun de «légiférer sur tout» . «Ce texte semble redondant, notamment par rapport à l'ordonnance de 1958 relative à la protection de l'enfance», souligne le magistrat Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. «Les textes sont confus, plaide Edwige Antier. La violence éducative ordinaire n'est pas considérée comme un problème. Une vieille jurisprudence stipule qu'il existe un droit de correction.»

Reste la question délicate de la définition de l'humiliation et de la violence psychologique. «Il s'agit des paroles et des actes qui cherchent volontairement à blesser», selon la députée. Toute punition n'est-elle pas forcément blessante ? «Un parent peut punir pour faire passer un message mais sans diminuer l'enfant», insiste Edwige Antier. Pour la pédiatre, les parents doivent tout simplement envoyer les enfants seuls dans leur chambre en cas de bêtise et, à l'adolescence, leur expliquer les conséquences de leurs actes.

 

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