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BLOG DE L'ADOLESCENCE
4 octobre 2010

IVRESSE ALCOOLIQUE

Un adolescent sur trois a déjà connu une ivresse alcoolique  

 

Par Anne Jouan
15/09/2010 |
Un bar sert de l'alcool à nantes (illustration).
Un bar sert de l'alcool à nantes (illustration). Crédits photo : AFP

Une relation sexuelle sur trois aurait lieu sous les effets de l'alcool.

Les chiffres sont éloquents. À 15 ans, un adolescent sur trois a déjà connu une ivresse alcoolique en France. Trois jeunes sur cinq ont déjà consommé de l'alcool : soit 65 % des garçons et 59 % des filles de cette tranche d'âge. «On voit désormais aux urgences pédiatriques des cas de coma éthylique, ce qui n'était pas le cas encore récemment. Car l'âge de début d'alcoolisation a changé depuis une dizaine d'années, résume le D r Patrice Huerre, psychiatre et vice-président de la Maison des adolescents des Hauts-de-Seine. Avec leur look vestimentaire emprunté aux adultes comme les tenues de lolitas, les jeunes portent la panoplie des grands. Du coup, ils recherchent précocement des stimulations pour avoir le sentiment d'exister.»

Le problème pour ces jeunes qui boivent, parfois dès l'entrée au collège, c'est la banalité associée à ce comportement. «Bien souvent, ils n'attachent pas une importance excessive à l'alcool. Nous devons donc leur faire entendre que cette substance a un potentiel sournois, capable de développer une dépendance. Et ce, alors même qu'ils ne se sentent pas concernés, explique le Dr Alain Biron, psychiatre, chef de secteur en psychiatrie infanto-juvénile (Essonne). Par ailleurs, leur consommation étant épisodique et banalisée, ils n'ont pas le sentiment que boire peut les mettre en difficulté. C'est d'ailleurs tout le côté insidieux de l'alcoolisation occasionnelle.»

Pour certains médecins, boire de l'alcool est plus grave que de fumer du cannabis. «L'alcool est beaucoup plus inséré dans notre société, ce qui complique les choses», insiste le Dr Biron. Par ailleurs, les jeunes boivent, généralement à plusieurs, dans le but de trouver l'ivresse. «Ce n'est donc pas la recherche d'une désinhibition, relève le Dr Huerre. Ils existent grâce à l'excitation individuelle et groupale.» La bière leur offre une ivresse «soft mais profonde» et les alcools forts leur procurent des sensations plus importantes et plus rapides. Les adolescents inventent des mélanges (c'est le cas du fameux cocktail «TGV» : tequila, gin, vodka) pour obtenir une ivresse rapide. De plus, quand ils s'alcoolisent, c'est généralement dès le début de la soirée pour se « mettre en condition».

 

Ignorance des parents 

 

Le Pr Claude Olievenstein avait défini la toxicomanie comme la rencontre entre un individu, un produit et un contexte socioculturel. Crise économique oblige, «les parents sont inquiets pour l'avenir de leurs enfants. Dès le berceau, ils veillent à les exciter par toutes sortes de stimulations, observe le Dr Huerre. Je pense qu'il faut réintégrer l'idée de la rêverie et bien comprendre que le temps mort n'est pas une catastrophe. Les parents doivent accepter qu'il est possible de réussir dans la vie sans être gavé en permanence». Pour le Dr Biron, boire si jeune et de manière excessive marque une rupture par rapport à la pression sociale, familiale, sociétale.

Le phénomène touche toutes les catégories de la population, indépendamment de l'origine socioprofessionnelle des parents qui, dans la majorité des cas, ignorent que leur enfant boit. Ils le découvrent quand l'adolescent est hospitalisé pour un coma éthylique. Une relation sexuelle sur trois a lieu sous les effets de l'alcool, rappelle le Dr Huerre. «Avec tout ce que cela sous-entend en termes de protection et de consentement», ajoute le spécialiste.

L'alcoolisme des adolescents ne doit pas masquer un problème plus global. C'est ce qu'estime en substance Catherine Hill, épidémiologiste de l'Institut Gustave Roussy (Villejuif). «Les jeunes, c'est l'arbre qui cache la forêt ! Tout le monde boit trop en France, voilà le vrai souci, déplore-t-elle. Dans notre pays, la consommation moyenne des plus de 15 ans s'élève à de plus de 27 grammes par jour et par personne, sachant qu'un verre de 10 cl de vin à 12,5° fait 10 grammes.»

 

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