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BLOG DE L'ADOLESCENCE
4 novembre 2009

VILLES SANS ALCOOL DANS LES RUES

Ces villes où il est interdit de boire dans la rue  
Delphine Chayet et Cécilia Gabizon
26/10/2009 | 
Près de 80 % de la consommation d'alcool se réalise «hors bar» .
Près de 80 % de la consommation d'alcool se réalise «hors bar» . Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Consommation et vente d'alcool sont de plus en plus souvent prohibées la nuit dans certains quartiers.

La prohibition s'étend. Des dizaines de villes interdisent désormais la consommation d'alcool la nuit sur la voie publique. Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Calais, Rennes tentent ainsi de mettre un coup d'arrêt aux beuveries dans leurs centres-villes. Brest pourrait annoncer dans les prochains jours une interdiction de boire autour de la mairie, sur la place de la Liberté, où les étudiants se retrouvent pour festoyer… et se saouler !

À Paris, près de 200 rues sont officiellement vouées à la sobriété. En plus des parcs et des ponts, les Champs-Élysées, le Champs de Mars, la place de la Bastille, Saint-Germain-des-Prés, une partie des berges de la Seine n'acceptent que les buveurs d'eau… Sans que les noctambules en soient toujours conscients ! D'autant que rien ne signale ces zones. «On ne peut pas boire boulevard Saint-Michel ?» s'étonnaient samedi dernier des convives interpellés par les policiers. «Vous auriez une rue à nous indiquer pour finir ce whisky ?» Ces quartiers «sans alcool» ont connu une forte extension en 2008, à la demande «des riverains qui se plaignent énormément du tapage», indique Gérard Rosenthal, adjoint au directeur territorial de la préfecture de police de Paris. D'abord saisonnier, l'alcoolisme nomade s'est transformé en phénomène de masse. L'interdiction de fumer dans les cafés a poussé les noctambules vers les trottoirs. Puis la crise a dopé cette consommation bon marché, très répandue chez les jeunes. «Les gens se “chauffent” avec des boissons achetées en grande surface avant de finir la nuit en discothèque», explique Renaud Bouthier, président de l'association de prévention Avenir Santé. Le cocktail maison, habilement réalisé dans une bouteille de jus de fruits, trompe la vigilance des parents comme celle de la police. Près de 80 % de la consommation d'alcool se réalise maintenant «hors bar». Dans toute la France, la police a comptabilisé 85 000 faits d'ivresse publique et manifeste (IPM) en 2008. Un chiffre en brutale augmentation depuis les années 2000.


La plupart des buveurs ne pensent qu'à s'amuser. Mais l'alcool perd son sourire lorsque la nuit avance. «Les rixes, dégradations et violences se multiplient», expliquent les policiers. La nuit s'émaille d'incidents. Des vols, des provocations. «Paris, maintenant, c'est comme ça. La rue est pleine d'embrouilles», assurent trois jeunes filles, tandis qu'elles s'échappent d'une échauffourée, boulevard Saint-Germain. L'une a essuyé une claque. Les autres ont fait front. L'agresseur est reparti en titubant…

Pour endiguer cet alcoolisme, les pouvoirs publics multiplient les interdictions. La vente d'alcool à emporter est également proscrite dans les centres des villes lancées dans la prohibition. À l'exception du 14 Juillet, des foires au vin, des jours de féria dans le Sud, les petits débits ne peuvent alors plus délivrer de boissons alcoolisées en soirée. Aix-en-Provence a banni l'alcool dans son centre historique. L'interdiction de vendre court de 21 heures au matin. Marseille vient également de restreindre la boisson dans le centre. De petites villes comme Carrières-sous-Poissy s'engouffrent dans cette campagne.

 

Commerçants réticents

 

Mais l'interdit a ses opposants. Ceux-là jugent la mesure inefficace, trop répressive et peu pédagogique. Tandis que les commerçants sont réticents. «On a des clients qui viennent acheter des pizzas avec des bières, on ne peut pas dire non», explique un restaurateur marseillais. À Lille, la mairie est même revenue sur l'interdiction de vendre, sans cesse bafouée. Elle propose désormais une charte aux détaillants.

Sur le terrain, la surveillance est inégale. «Nous avons des hommes en civil, des policiers de la BAC, qui surveillent les débits de boisson», dit-on à la préfecture de police de Paris. Mais ce contrôle s'exerce si rien n'appelle les forces de l'ordre ailleurs. Dans la rue, l'interdit court de 16 heures à 7 heures, mais c'est à partir de 22 heures que la répression se resserre autour des groupes. À Paris, 1 428 personnes ont été épinglées alors qu'elles buvaient en zone sobre en 2008. Elles ont dû acquitter 38 euros d'amende. En outre, 3 300 personnes ont dû verser 140 euros après une ivresse publique et quelques heures en salle de dégrisement. «Nous contrôlons, insiste Gérard Rosenthal de la préfecture. Mais je n'envoie pas deux policiers verbaliser une foule de 200 personnes.»

Ces règles devraient cependant être resserrées et harmonisées. Depuis le 23 juillet 2009, il est en effet interdit de vendre de l'alcool aux mineurs. Cette fois, il ne s'agit plus d'un arrêté municipal, limité dans le temps et sur un territoire. Mais bien d'une loi. Elle est pour l'heure très peu respectée. Étienne Apaire, le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, a engagé une sensibilisation intense des professionnels, avant de futures sanctions. Si beaucoup redoutent des incidents, car les Français ne sont guère préparés à ces contrôles, Étienne Apaire compte aussi sur la «pression sociale» pour veiller à ce que les épiceries ou bars réfractaires se mettent à appliquer la loi…

 

 

Professeur Michel Lejoyeux est chef du service de psychiatrie et d'addictologie à l'hôpital Bichat (Paris).

Comment expliquer les ivresses à répétition chez les adolescents ? 
Ces jeunes sont manifestement dans une recherche de sensations fortes et d'expériences, mais ils se conforment aussi à un effet de mode. On peut aussi chercher dans leur histoire familiale des antécédents de dépendance. En tout état de cause, ces alcoolisations régulières et massives sont les premiers signes de l'addiction. Ces jeunes détournent un produit familier, qui fait moins peur à leurs parents qu'une autre drogue, pour obtenir un effet psychotrope.

Quels sont les risques ? 
L'alcoolisation aiguë favorise les conduites à risques telles que des relations sexuelles non protégées, des comportements agressifs ou des rixes, des accidents. Elle augmente aussi le risque de suicide et fait de l'adolescent une victime d'agression idéale, en le rendant moins vigilant. A long terme, le danger est de voir s'installer un syndrome de dépendance.

Comment réagir ? 
Il faut absolument « remédicaliser » ce problème, sans culpabiliser, mais en faisant tomber le déni. Il me semble que la banalisation systématique des accidents par les adolescents et leurs parents est très préoccupante. L'an dernier, une jeune fille a par exemple passé deux mois à l'hôpital pour une infection pulmonaire contractée à la suite d'un coma éthylique. Lorsque j'ai essayé d'aborder le sujet de sa consommation, ses parents ont refusé. Ils craignaient de compromettre la scolarité de leur enfant, inscrite dans un internat privé très réputé en région parisienne, en la désignant comme une droguée.

 

 

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