LA JEUNESSE N'EST PLUS CE QU'ELLE ETAIT
DU MARDI 23 JUIN (19 H) AU MARDI 30 JUIN (14
H) 2009
LA JEUNESSE N'EST PLUS CE QU'ELLE ÉTAIT...
DIRECTION : Vincenzo CICCHELLI, Olivier GALLAND, Jacques HAMEL, Catherine PUGEAULT-CICCHELLI
ARGUMENT :
Qu’est-ce que la jeunesse aujourd’hui? Qu’est-ce qu’être jeune dans les sociétés actuelles, spécialement dans les pays francophones? Voué à répondre à ces questions, ce colloque s’efforcera de brosser un tableau d’ensemble de la jeunesse en croisant les regards des principaux chercheurs en la matière issus de l’anthropologie, de l’histoire, de la sociologie et des autres sciences sociales. Avant chaque débat, un vis-à-vis commentera le propos du conférencier, en vue de fournir à la discussion une vision comparative ou longitudinale et d’outrepasser, ainsi, les obédiences théoriques et les traditions nationales.
L’on s’efforcera de préciser les situations et d’aborder les problèmes au fil des théories qui s’efforcent de les expliquer et à la lumière de leurs applications (sous formes d’interventions sociales et politiques). On examinera aussi l'histoire récente de la jeunesse en tenant compte, notamment, des contestations étudiantes à propos de l’éducation gratuite, de la violence des banlieues (au motif du droit à la citoyenneté), des manifestations opposées à l’insertion professionnelle (sous le signe de la précarité), ainsi que la culture des jeunes à l’ère d’Internet avec l’intention de savoir si, comme première génération numérique en phase avec la société rythmée par les développements incessants des "nouvelles technologies de l’information et de la communication" (NTIC), ils peuvent orienter la vie sociale.
D’un mot, l’on se demandera si, selon l’expression consacrée, la jeunesse n’est plus ce qu’elle était.
CALENDRIER PROVISOIRE :
Mardi 23 juin
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTSSoirée:
Présentation du Centre, du colloque et des participantsMercredi 24 juin
Matin:
La jeunesse n'est plus ce qu'elle était...
François DUBET: La jeunesse n'est-elle "qu'un mot"?
Madeleine GAUTHIER: Des représentations de la jeunesse
Olivier GALLAND: Le malaise de la jeunesse françaiseAprès-midi:
Bernard ROUDET: Qu'était donc la jeunesse avant de devenir ce qu'elle est aujourd'hui? Retour sur quelques approches historiques des jeunes français
Guy BAJOIT: Une jeunesse libre et assujettieJeudi 25 juin
Matin:
Jeunes scolarisés et étudiants
Mathias MILLET: Quelle jeunesse pour les "vaincus de la compétition scolaire"? L'exemple de collégiens en ruptures scolaires issus des milieux populaires en France
Sylvain BOURDON: La nouvelle jeunesse étudiante, entre études, travail et temps libre
Stéphanie GARNEAU, Marc MOLGAT & Annie PILOTE: Trajectoire, parcours, carrière, bifurcation...? Les migrations pour études de jeunes francophones au CanadaAprès-midi:
Jean-François GUILLAUME: "Comme Daniel dans la fosse aux lions...". Heurs et malheurs de l'institution scolaire en Belgique francophone
Jacques HAMEL: Etudier et être étudiant, quelles valeurs chez les jeunes d'aujourd'hui?
Vincenzo CICCHELLI: Le grand (dé)tour. Le séjour Erasmus, une bildung cosmopoliteVendredi 26 juin
Matin:
Nouvelles formes d'insertion
Séverine MISSET: Le renouvellement des générations ouvrières: le cas des jeunes ouvriers qualifiés
Emmanuelle MAUNAYE: L'insertion professionnelle des étudiants: comment gérer la sortie des études et de l'université
Claude TROTTIER: Les jeunes en difficulté d'insertion professionnelle: victimes de circonstances défavorables ou acteurs de leur insertion?Après-midi:
Mircea VULTUR: Les stratégies d'insertion professionnelle des jeunes et les pratiques de recrutement des entreprises. Vers une intériorisation des structures de fonctionnement du marché du travail
Stéphane MOULIN: Les catégories de l'insertion des jeunes: une comparaison France/Québec
Gérard MAUGER: La désouvriérisation de la jeunesse ouvrière en France au tournant des années 1980Samedi 27 juin
Matin:
Entrée dans la vie adulte et socialisation
Claire BIDART & Maria Eugenia LONGO: Processus, combinatoires, entourages: autres regards sur la jeunesse
Thierry BLÖSS & Valérie GERMAIN: L'entrée dans la vie adulte: quelle analyse "sociologique" sur le long terme?
Henri ECKERT: Les jeunes, le travail, l'autonomie (comparaison des situations québécoise et française)
Edith HEURGON & Guillaume MACHER: Quelle adolescence pour quelle jeunesse? Comment grandit-on dans le Val de Marne?Après-midi:
DÉTENTEDimanche 28 juin
Matin:
Jeunesses, valeurs et citoyenneté
Laurence ROULLEAU-BERGER: Jeunesse, individuation et lutte pour la reconnaissance
Valérie BECQUET: Le service civil volontaire: un instrument d'action publique ambigu
Solange LEFEBVRE: Jeunesse et religion: perspective comparative entre l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du NordAprès-midi:
Formes protestataires et nouvelles formes de solidarité
Thomas SAUVADET: La vie en marge
Didier LAPEYRONNIE: Sexes, genres et ghetto
Sébastien SCHEHR: La défection et la soustraction dans les modes d'être et d'agir juvéniles
Cyprien AVENEL: Jeunesses des quartiers fragiles, politique de la ville et émeutes urbainesLundi 29 juin
Matin:
Vie amoureuse, vie familiale et relations intergénérationnelles
Hélène BELLEAU: Les comptes amoureux des jeunes couples québécois
Patricia VENDRAMIN: Les facteurs de solidarité et de tension dans les relations intergénérationnelles au travail: une approche comparative
Catherine PUGEAULT-CICCHELLI: Etre jeune et se fiancer: une option conjugale réversible
Cécile VAN DE VELDE: La jeunesse dans les rapports sociaux de générations: une comparaison européenneAprès-midi:
Cultures adolescentes
Dominique PASQUIER: Le tribunal des pairs: nouvelles questions?
Laurent TRÉMEL: Les recherches sur les "jeux vidéos": images du "jeune" et conceptions de l'Université nouvelle
Aurélia MARDON: Les négociations entre les parents et les enfants autour de l'apparence au moment de l'entrée dans l'adolescenceMardi 30 juin
Matin:
Cultures adolescentes
Marc BREVIGLIERI: La provocation. Mondes habités et régions hostiles à l'adolescence
Elsa RAMOS: La vulnérabilité "ordinaire" à l'adolescence
Denis JEFFREY: Penser la jeunesse après la période punkAprès-midi:
DÉPART DES PARTICIPANTS
RÉSUMÉS :
Cyprien AVENEL: Jeunesses des quartiers fragiles, politique de la ville et émeutes urbaines
Mesurer la mobilisation des collectivités locales et, plus généralement, l’ampleur des politiques publiques, dans les quartiers dits "sensibles" et apprécier concrètement les effets des mécanismes mis en œuvre à partir du constat d’un cycle récurrent des émeutes depuis plus de 25 ans: tels sont les enjeux de la communication. S’interroger sur les politiques de la ville et ses évolutions récentes, notamment depuis la loi "Borloo" de cohésion sociale jusqu’à l’actuelle mise en œuvre du Plan "Espoir Banlieues" dans les quartiers "sensibles" (marquant une logique d’individualisation croissante des aides, en rupture avec les fondamentaux d’origine de la politique de la ville, notamment pour ce qui concerne le développement territorial) suppose de mettre au jour leurs modes de réception et d’utilisation par les jeunes concernés ainsi que la perception des démarches accompagnant ces aides. En effet, si l'on souhaite connaître l’impact du mode d’intervention public, il importe de prendre en compte l’opinion des individus, leurs représentations et les significations qu’ils donnent des aides dont ils bénéficient. Aussi, les émeutes, comme celle de l’automne 2005, mettent en cause directement les interventions publiques, puisque ce ne sont pas seulement les voitures qui sont brûlées, mais aussi l’école, le centre social, les transports et les équipements collectifs. De surcroît, cet aspect n’est pas nouveau. Au début des années 1990, les violences collectives surgissent là même où les quartiers, comme Vaulx-en-Velin, pouvaient être considérés comme un modèle des dispositifs de développement social urbain. Cette violence, souvent qualifiée de "gratuite", parce qu’elle détruit les biens du quartier, trouve cependant des éléments d’explication, au moins partiellement, dans les relations entre les jeunes et les institutions, tout particulièrement la perte de confiance entre les uns et les autres. La violence contre les institutions est sans doute une spécificité française, car elle ne s’observe pas avec une telle intensité dans les autres pays. Elle vise la police, l’école, les services sociaux, les transports, les équipements collectifs, mais aussi les pompiers et les médecins. De ce point de vue, les problèmes de la ségrégation urbaine ne sont pas seulement une "donnée" qui préexiste aux politiques publiques. Les situations peuvent être comprises, au moins partiellement, comme le produit d’une construction quotidienne des relations entre les individus et les institutions. Certaines violences juvéniles ne sont pas directement liées aux indicateurs de la marginalité d’un quartier mais doivent être mises en relation avec les modalités du travail institutionnel, les actions concrètes menées sur le terrain et la nature des rapports engagés entre les acteurs. Il semble alors moins nécessaire d’engager l’analyse vers l’idée de désorganisation sociale dans un contexte de chômage, d’individualisation des trajectoires et de décomposition des formes classiques de socialisation, que de s’interroger sur la nature du système d’intervention institutionnelle et plus généralement le rapport au politique.Guy BAJOIT: Une jeunesse libre et assujettie
Le modèle culturel qui règne aujourd'hui sur les sociétés occidentales contemporaines appelle les jeunes à se conduire comme des sujets, à être les acteurs de leur existence, afin de se construire comme des individus libres. Mais que signifie être libre? À quoi reconnaît-on un acte libre? Et, compte tenu des critères qui permettent d'identifier de tels actes, peut-on affirmer que les "jeunes d'aujourd'hui" sont plus libres que l'étaient ceux d'hier?Valérie BECQUET: Le service civil volontaire: un instrument d'action publique ambigu
Une des mesures annoncées suite aux émeutes urbaines de l’automne 2005 en France a été la création du service civil volontaire. S’adressant au 15-25 ans, ce dispositif est un label qui agrège divers dispositifs publics qui dépendent eux-mêmes de plusieurs ministères. En tant que tel, il comporte ses propres objectifs et modalités de mise en œuvre (conditions d’accès, définition de l’activité, financement public, etc.). Cette annonce a eu, entre autres, pour conséquence de faire resurgir un débat sur la pertinence d’avoir supprimer le service national obligatoire et, par là même, sur la nécessité de rétablir un service civil ou civique. En effet, au-delà de la faible cohérence interne du nouveau service civil volontaire résultant de l’addition de dispositifs particulièrement hétérogènes, c’est principalement la référence à la notion de "service" qui a retenu l’attention. Le débat qui en résulte va prendre une certaine ampleur au point de s’inviter dans la campagne présidentielle de 2007, conduit la plupart des candidats à prendre position sur le sujet et à inscrire cette disposition dans leur programme au titre de leur future politique en direction des jeunes.
Cette communication propose d’examiner la création du service civil volontaire d’un double point de vue afin de mettre en évidence les ambiguïtés du recours à ce type d’instrument pour intervenir en direction des jeunes. Premièrement, après être revenu sur le contexte dans lequel cette décision a été prise et avoir montré qu’elle n’a pas tenu compte des dispositifs existants dans le champ du volontariat civil, il s’agira d’analyser le débat qui en a résulté en s’intéressant aux arguments mis en avant. Quelles références ont été mobilisées? Pourquoi un dispositif spécifiquement pour les jeunes? Pourquoi le service civil obligatoire a-t-il été d’emblée considéré comme une solution "aux problèmes de la jeunesse"?
Deuxièmement, il s’agira de mettre en perspective ce débat avec les résultats d’une enquête longitudinale réalisée auprès de deux promotions de volontaires d’une association (Unis-Cité) afin d’une part, d’éclairer les contributions de ce service civil volontaire à la situation des jeunes qui l’ont effectué et, d’autre part, de revenir sur le caractère abstrait du débat et, surtout, déconnecté de la réalité des difficultés socio-économiques que rencontre une partie des jeunes.
De manière plus générale, la communication aura pour objectif d’apporter une contribution à la réflexion sur la conception des politiques publiques en direction des jeunes et, en particulier, sur la manière dont sont mobilisés des référentiels qui, d’une part, imputent des comportements sociaux aux jeunes tout en ne traitant pas nécessairement les processus qui peuvent éventuellement les sous-tendre et, d’autre part, postulent la responsabilité qu’ont les jeunes générations dans la dérégulation de certains fonctionnements sociaux.Hélène BELLEAU: Les comptes amoureux des jeunes couples québécois
Dans une société telle que le Québec, qui porte un puissant discours égalitaire, hommes et femmes conjuguent un idéal amoureux fondé sur le don, la solidarité et le désintérêt avec des valeurs d'autonomie, d'indépendance et d'égalité. Mais cet idéal de la relation conjugale à la fois intime, égalitaire et détachée des contraintes sociales bute sur la réalité quotidienne des jeunes couples. Il tend à minimiser, voire à exclure du paysage conjugal les inégalités structurelles, les rapports de genre, les idéaux culturels de la relation amoureuse, mais aussi le fait que les formes instituées de la parenté, de l'alliance et de la filiation ont encore aujourd'hui une influence non négligeable sur les individus. L'analyse de deux enquêtes réalisées entre 2005 et 2008 auprès de plus d'une centaine de couples résidant au Québec, a permis de mettre en évidence, par le biais notamment d'une analyse des modes de gestion de l'argent comme révélateur, des conceptions différentes des normes d'égalité et de questionner plus fondamentalement la notion de "solidarité conjugale". Cet exposé s'attardera plus spécifiquement à l'analyse des rapports conjuguaux chez une trentaine de jeunes âgés entre 20 et 35 ans.Références Bibliographiques :
Belleau H. et Henchoz C. (2008), L'usage de l'argent dans le couple: pratiques et perceptions des comptes amoureux. Perspective internationale, L'Harmattan, Paris.
Belleau H. et Ouellette F.-R., "L'argent et la famille", n°2, printemps 2005, in Enfances, Familles, Générations.
Belleau H. et Le Gall J., "Les jeunes d'ici et d'ailleurs: de la rencontre des valeurs à la distinction des genres", in G. Pronovost et C. Royer (dir.), Les valeurs des jeunes. Etat de la question, 2004, p. 187-204.Claire BIDART & Maria Eugenia LONGO: Processus, combinatoires, entourages: autres regards sur la jeunesse
Nous proposons d'envisager la transition entre la vie étudiante et la vie professionnelle comme un véritable processus, qui engage des interactions entre divers domaines et échelles. Il s'agit alors de privilégier le caractère dynamique de ce processus, de prendre en considération des éléments qui ne se limitent pas au domaine professionnel, et de dépasser la dimension strictement individuelle du parcours. Cette ambition comporte des conséquences méthodologiques que nous discuterons à partir d'une enquête qualitative longitudinale par panel qui permet de travailler les temporalités des parcours dans une réelle diachronie. Les articulations entre les différentes sphères de la vie y sont questionnées en particulier au moment des "carrefours" biographiques dans lesquels se présentent des choix et sont prises des décisions. De plus, la prise en considération du réseau relationnel permet d'évaluer l'emprise de l'entourage sur les parcours... qui ne sont alors plus aussi individuels qu'on le croit. Entre changement et permanence, la jeunesse reste bien en tout cas une question sociale.Références Bibliographiques :
Bidart C., 2008, en collaboration avec Patrice Cacciuttolo, "Dynamiques des réseaux personnels et processus de socialisation: évolutions et influences des entourages lors des transitions vers la vie adulte", Revue Française de Sociologie, 49-3, pp.559-583.
Bidart C., "Devenir adulte: un processus", in VRANCKEN D. et THOMSIN L., Vers un Etat biographique ? L'Etat social à l'épreuve des parcours de vie, Juin 2008, Academia Bruylant, collection "Intellection", pp.209-225.
Bidart C., Pellissier A., 2007, "Entre parents et enfants: liens et relations à l'épreuve du cheminement vers la vie adulte", Recherches et prévisions, n°90, pp.29-39.
Bidart C., Longo M. E., "Bifurcations biographiques et évolutions des rapports au travail", XIVèmes Journées du Longitudinal "Ruptures, irréversibilités et imbrications de trajectoires ; comment sécuriser les parcours professionnels?", Orléans, 30 et 31 mai 2007, Relief échanges du Céreq, n°22, Juillet 2007, pp.27-38.
Bidart C., "Crises, décisions et temporalités : autour des bifurcations biographiques", avril 2006, Cahiers internationaux de sociologie, Trajectoires sociales et bifurcations, n° 120, pp.29-57.
Bidart C. (dir.), Devenir adulte aujourd'hui : perspectives internationales, INJEP, Collection "Débats-Jeunesse", L'Harmattan, Octobre 2006, 232 p.
Bidart C., Lavenu D., "Evolutions of personal networks and life events", avec Daniel Lavenu, oct. 2005, Social Networks, vol.27, n°4, pp. 359-376.
Bidart C., "Les temps de la vie et les cheminements vers l'âge adulte", 2005, Lien Social et Politiques, n°54, pp.51-63.
Bidart C., Pellissier A., 2002, "Copains d'école, copains de travail. Evolution des modes de sociabilité d'une cohorte de jeunes", Réseaux, vol.20, n°115, p.17-49.
Bidart C., "Se dire adulte", in Juan S., Le Gall D. (dir.), 2002, Conditions et genres de vie. Chroniques d'une autre France, L'Harmattan, p.153-169.
Bidart C., 2001, "Faire couple - Introduction", Agora-Débats jeunesses, n°23.
Bidart C., 1999, "Se lier et s'orienter - Introduction", Agora - Débats jeunesses, n°17, pp.7-17.
Bidart C., 1999, "Les âges de l’amitié : cours de la vie et formes de socialisation", in G. Ravis-Giordani (ed.), Amitiés, anthropologie et histoire, Aix en Provence, Presses de l’Université de Provence, pp. 421-435.
Longo, María Eugenia (à paraître). “Reflexiones en torno a la construcción de trayectorias profesionales”, in Revista Asociacion de Estudios del Trabajo, Buenos Aires.
Longo, María Eugenia, JACINTO, Claudia, WOLF, Mariela, BESSEGA, Carla. 2007. “Jóvenes, precariedades y sentidos del trabajo. Un estudio en Argentina”, en Revista Medio Ambiente y Urbanización, IIED-AL, n° 66, abril.
Longo, María Eugenia (2006) “Trayectorias laborales de jóvenes: algunas implicancias de las nuevas modalidades de socialización en el trabajo” en Ximena Díaz, Lorena Godoy, Antonio Stecher y Juan Pablo Toro (coord.). Trabajo, Identidad y Vínculo Social: Reflexiones y experiencias en el capitalismo flexible, Editorial: CEM y Universidad Diego Portales.
Longo, María Eugenia, LAPORTE, Mariana, BOCALEONNI, Stefania (2005). “Pensar las experiencias desde las propias experiencias”, en ABDALA E., JACINTO, C., SOLLA, A., La inclusión social de jóvenes: entre el escepticismo y la construcción colectiva, redEtis-Fundación SES-MLAL-Cinterfor, Montevideo.
Longo, María Eugenia (2004). “Los confines de la integración social. Trabajo e identidad en jóvenes pobres” in BATTISTINI, Osvaldo (coor.) El trabajo frente al espejo. Identidad y representaciones en el mundo del trabajo. Editorial Prometeo, Buenos Aires. Pag. 199-234.
Longo, María Eugenia (2003). “Lo que queda a los jóvenes. Capital social, Trabajo y Juventud en varones pobres del GBA, Argentina”, in Capital Social de los y las jóvenes. Propuestas para programas y proyectos. Volumen II, Serie Políticas Sociales, CEPAL- ONU, Santiago de Chile. Pag. 31-41.Thierry BLÖSS & Valérie GERMAIN: L'entrée dans la vie adulte: quelle analyse "sociologique" sur le long terme?
L’analyse sociologique de la jeunesse comme processus d’entrée dans la vie adulte depuis bientôt un quart de siècle en France a permis de détailler l’étude de "calendriers" considérés comme pertinents et décisifs (décohabitation, mise en couple, ...). Les différences de comportements exhibées ont révélé l’influence des appartenances sociales des jeunes: appartenance de sexe, statut d’activité, origine sociale, etc. La prise en compte de ces "variables" s’est faite dans un contexte "sociétal" caractérisé à la fois par une expansion quantitative sans précédent du statut étudiant et par une précarisation des conditions d’entrée dans la vie active, elle-même annonciatrice d’une fragilisation globale des statuts socio-professionnels adultes. Quelle analyse "sociologique" sur le long terme peut-on mener de l’entrée dans la vie adulte? Les tendances observées mettent en discussion les modèles sociaux et sexués de comportements. A l’heure où l’accroissement continu de son public s’interrompt et que sa différenciation interne est apparu au grand jour, la jeunesse étudiante présentée communément comme le statut socioculturel de référence désigne plus que jamais, mais sous de nouveaux traits, une situation relative. Ce questionnement constituera la trame de la communication proposée.Références Bibliographiques :
BLÖSS (T). "La première mise en couple dans les transformations des temporalités biographiques", in Deux pays, deux jeunesses? La condition juvénile en France et en Italie (A. Cavalli, V. Cicchelli, O. Galland, éditeurs), Presses Universitaires de Rennes, 2008.
BLÖSS (T). "Le sens caché de la mobilité des étudiants Erasmus", in Echanges et mobilités académiques. Quel bilan? (Fred Dervin et Michael Byram éditeurs), Paris, L’harmattan, 2008 (avec la collaboration de Magali Ballatore), p. 15-35.
BLÖSS (T). "L’autre réalité du programme Erasmus: affinité sélective entre établissements et reproduction sociale des étudiants", Revue Formation Emploi, CEREQ, 2008, n°103, p.57-75 (avec M. Ballatore).
BLÖSS (T) (sous la direction de). La dialectique des rapports hommes-femmes, P.U.F., Collection "Sociologie d'Aujourd'hui", juillet 2002 (1ère édition, novembre 2001).
BLÖSS (T). "Quelles conditions étudiantes pour quelle socialisation universitaire?", Revue Sociétés contemporaines, numéro thématique intitulé: "La construction sociale des savoirs étudiants", n°48, 2002.
BLÖSS (T). "Les nouveaux "acteurs" de la sélection universitaire: les bacheliers technologiques en question", Revue française de sociologie, n°4, oct-déc. 2000 (avec V. Erlich).
BLÖSS (T). "Socialisation familiale et passage à l’âge adulte", in La Famille en question, état de la recherche, Institut de l’Enfance et de la Famille, Edition Syros, 1996.
BLÖSS (T). "Une jeunesse sur mesures. La politique des âges", in Cahiers Internationaux de Sociologie, décembre 1994, p. 253-276.
BLÖSS (T). "Modes d’entrée dans la vie adulte et trajectoires sociales des femmes mariées", Population, INED, n°3, mai-juin 1994, p. 637-656 (en collaboration avec A. Frickey et M. Novi).
BLÖSS (T). "L’entrée dans la vie résidentielle", Revue Informations sociales, n°34/ 1994, CNAF, p. 22-31.
BLÖSS (T). "Jeunesse: objet politique, objet biographique", in Enquête, Cahiers du CERCOM, (6), n°spécial: "La socialisation de la jeunesse", juin 1991, p. 145-184. (en collaboration avec I. Féroni).
BLÖSS (T). "Jeunes, précarité et rapports entre générations. Réflexion à partir de données d'enquête", Les Annales de Vaucresson, CRIV, numéro spécial: "Générations", n°30-31, juil. 1991, p.215-226.
BLÖSS (T). "Cohabiter, décohabiter, recohabiter. Itinéraires de deux générations de femmes", Revue Française de Sociologie, XXXI (4), oct-déc. 1990, p.553-572 (en collaboration avec A. Frickey et F. Godard).
BLÖSS (T). "Habitat social et politiques de territorialisation: une nouvelle génération d'"acteurs" urbains?", Revue ESPACES ET SOCIETES, n°56, déc. 1989.
BLÖSS (T). "Une génération charnière: jeunes maghrébins des quartiers nord de Marseille", Les Annales de la Recherche Urbaine, numéro spécial "familles et patrimoines", (41), Eds Dunod, mars 1989, p. 59-66.
BLÖSS (T). "Générations en crise d'insertion, logement en crise de génération?", Revue Le Groupe Familial, numéro spécial: "Les séquences familiales et leur gestion sociale", FNEPE, mars-avril-mai 1988, p. 31-37.
BLÖSS (T). "La décohabitation des jeunes", Les Cahiers de l'INED, n°120, Paris, Presses Universitaires de France,1988, p.31-55 (en collaboration avec F. Godard).
BLÖSS (T) (Ed.). "La socialisation de la jeunesse", Enquête, Cahiers du CERCOM, (6) CNRS-EHESS, juin 1991 (en collaboration avec I. Féroni).
BLÖSS (T). "Décohabitation familiale, rapports entre générations et mobilité résidentielle", in Famille, modes de vie et habitat, Ouvrage collectif, Editions L'harmattan, 1989, Collection "Habitat et Sociétés".
BLÖSS (T). "Cycle de vie et logement. La décohabitation". in Les transformations de la famille et l'habitat. Ouvrage collectif édité par La Documentation Française, Paris, 1988, p.54-64.Sylvain BOURDON: La nouvelle jeunesse étudiante, entre études, travail et temps libre
Comme période de la vie et comme phénomène social, la jeunesse est d’abord conçue dans l’interstice entre l’enfance et l’âge adulte où elle tire son existence du seul fait de l’allongement de cette période d’incertitude au plan du positionnement social. Si la jeunesse n’est plus ce qu’elle était aujourd’hui, ce n’est pas tant dans la désynchronisation accrue des divers passages vers la vie adulte que dans l’accroissement de leur porosité et dans leur caractère de moins en moins linéaire qu’on peut en trouver les marques. C’est sur cette nouvelle donne que nous réfléchirons en examinant plus particulièrement l’organisation des études, du travail et des temps libres des jeunes étudiants en s’appuyant sur les données d’une enquête longitudinale mixte menée auprès de jeunes en début d’études postsecondaires au Québec. En plus d’un nouveau rapport à l’activité et au temps, ce sont de nouvelles formes d’insertion sociale et de nouvelles modalités de l’être jeune dans nos sociétés du risque qu’on voit ainsi se dessiner.Références Bibliographiques :
Bourdon, S. et Bélisle, R. (2005). "Temps de rencontre et rencontre de temporalités. L'intervention auprès de jeunes adultes marginalisés comme médiation des temporalités institutionnelles et individuelles". Lien social et politiques - RIAC, (54), 173-184.
Bourdon, S. (2001). "Les jeunes de l'école à l'emploi: l'hyperactivité comme adaptation à la précarité au Québec". Dans L. Roulleau-Berger et M. Gauthier (dir.), Les jeunes et l'emploi dans les villes d'Europe et d'Amérique du Nord (pp. 73-85). Paris: Éditions de l'Aube.
Bourdon, S. et Vultur, M. (dir.). (2007). Les jeunes et le travail. Sainte-Foy: Presses de l'Université Laval.
Bourdon, S., Charbonneau, J., Cournoyer, L. et Lapostolle, L. (2007). Famille, réseaux et persévérance au collégial Phase 1. Rapport de recherche. Sherbrooke: Équipe de recherche sur les transitions et l'apprentissage (ÉRTA).
Laranjeira, D. H. P., Bourdon, S. et Teixeira, A. M. F. (2007). "Juventude, Trabalho, Educação: os jovens são o futuro do Brasil?", Caderno CRH, 20(49), 95-105.Marc BREVIGLIERI: La provocation. Mondes habités et régions hostiles à l'adolescence
Une anthropologie de l’adolescence ne peut pas faire l’économie de penser la question de la provocation. Il y a, dans l’acte provocateur, une manière d’imposer une turbulence dans l’ordre des choses, d’imprimer un choc et de libérer des espaces potentiels particulièrement convoités à l’adolescence. Produit sur le domaine public, hors du monde habité par l’enfance, la provocation de l’adolescent s’enlève sur un certain optimisme au sens où il pense pouvoir produire une métamorphose dans un monde hostile qu’il peut juger enclin à céder, c’est-à-dire à se mettre à tourner autrement. L’action provocatrice pose généralement un certain type de problème au domaine public, elle peut s’avérer inconciliable avec les principes communs du "vivre-ensemble" qui le structurent. L’expérience de la provocation permet ainsi à l’adolescent de tester la pénétrabilité du domaine public qu’il connaît mal en un sens. En tant que provocateur, et bien qu’il biaise et rejette alors intentionnellement les épreuves les plus conventionnelles de ce domaine public, il y connaît une phase d’apprentissage intense, notamment en mettant en jeu le noyau de valeur relatif à l’idée de maturité.Vincenzo CICCHELLI: Le grand (dé)tour. Le séjour Erasmus, une bildung cosmopolite
Cette communication s’inscrit dans ce récent courant de recherches (essentiellement anglo-saxon) qui porte sur l’émergence d’une conscience et de pratiques cosmopolites au sein d’une configuration historico-sociale où les unités d’analyse ne sauraient plus être exclusivement nationales. Les questions qui seront traitées peuvent se formuler de la façon suivante: quels traits pourraient-ils caractériser l’éducation de l’honnête homme (femme) contemporain dans des sociétés caractérisées par une plus grande circulation des individus et des produits culturels? Cet individu censé vivre dans structures sociales encore nationales, mais aux frontières culturelles plus poreuses, est-il pour autant plus cosmopolite? Et si c’est le cas, quels contenus prend cette nouvelle conception de soi, du rapport à Autrui et du monde? Quelle est la part d’ombre de cette nouvelle injonction à accepter la différence culturelle, voire à s'en saisir pour construire sa propre identité? Pour répondre à ces questions, sera exploré le processus instable, réversible et ambivalent d'ouverture et fermeture aux cultures des autres pays européens (processus que nous avons appelé Bildung cosmopolite) qui se réalise lors des séjours des étudiants dans le cadre des mobilités académiques internationales de type Erasmus.François DUBET: La jeunesse n'est-elle "qu'un mot"?
Il n'est guère d'articles, de thèses ou de livres consacrés à la jeunesse qui ne reprenne le célèbre mot de Bourdieu: "La jeunesse n'est qu'un mot". Sans doute y a-t-il plusieurs jeunesses, comme il y a plusieurs vieillesses, plusieurs conditions féminines, plusieurs classes ouvrières, plusieurs expériences sociales déterminées et redéfinies par des conditions et des contextes singuliers. Pour autant, on peut supposer que cette diversité, qui peut se fractionner à l'infini, n'interdit pas de s'interroger sur ce qui fait la pertinence de certaines catégories dont celle de jeunesse. Je proposerai donc de croiser l'unité d'une épreuve juvénile avec la diversité de ses constructions.Henri ECKERT: Les jeunes, le travail, l'autonomie (comparaison des situations québécoise et française)
L'engagement dans le travail salarié pendant les études — c'est-à-dire le cumul d'un emploi, à temps partiel le plus souvent, avec la poursuite d'études à temps plein — interroge directement la catégorie "jeunesse". Celle-ci a émergé avec la prolongation des scolarités et le report concomitant de l'âge auquel les jeunes entrent dans la vie active: que reste-t-il de ce temps dévolu non seulement à l'acquisition d'une culture générale et des connaissances nécessaires à la vie professionnelle mais disponible aussi pour rencontrer les autres, quelquefois abandonné à l'insouciance — sinon à la "frivolité" —, dès lors que l'activité salariée entame cette disponibilité? La catégorie "jeunesse" ne tiendrait-elle pas à se défaire, au risque de n'être plus "qu'un mot", dès lors que les emplois du temps surchargés limitent la place du temps libre, tendent à restaurer les conditions d'un contrôle social sur cet âge qui fut célébré comme celui de la liberté et incitent à douter de l'autonomie que le salaire permettrait? Ces questions seront abordées à l'occasion d'une comparaison entre les situations actuelles des jeunes scolarisés, au Québec et en France.Olivier GALLAND: Le malaise de la jeunesse française
Les jeunes français sont parmi les plus pessimistes de tous les européens, ils n’ont confiance ni dans l’avenir, ni dans les autres, ni dans la société en général. Il faut donc essayer de comprendre et d’expliquer cette situation. Les jeunes ont-ils raison d’avoir peur? Ont-ils de bonnes raisons de craindre à ce point l’avenir? Les thèses classiques avancées à ce sujet peuvent se regrouper sous le terme "d’explications générationnelles" qui fonctionnent sur trois registres différents.
Le premier registre est celui des discriminations économiques qui peuvent être résumées en trois points: 1) la flexibilité de l’économie et la précarité de l’emploi s’accroissent et ce poids de la précarité repose presque entièrement sur les jeunes; 2) l’ascenseur social est en panne 3) les deux facteurs précédents rendent l’accès des jeunes français à l’indépendance extrêmement problématique et parfois impossible. Une seconde explication générationnelle est assez différente. Elle revient à dire qu’il y a dans les familles une crise de la transmission ou une crise de l’éducation. Une dernière explication, plutôt de nature politique au sens large, part du constat de la sous-représentation politique des jeunes. Ces explications générationnelles ont en commun de traiter la question d’un point de vue discriminatoire (la jeunesse est sous-dotée économiquement, sous-encadrée moralement, sous-représentée politiquement) en opposant les jeunes au reste de la société. Elles ont leur valeur, mais elles manquent une partie de la question. Une autre façon de voir le problème est de considérer la jeunesse, ses doutes et ses angoisses, non plus d’un point de vue victimaire mais comme un révélateur de la crise, institutionnelle et culturelle, du modèle français de formation. C’est une crise du modèle méritocratique à la française. Ce modèle correspond en fait à ce qu’on appelle "l’élitisme républicain", c’est-à-dire la sélection des meilleurs selon le principe de la seule récompense du talent et des efforts de chacun. Ce modèle pouvait fonctionner dans un état antérieur du système éducatif où une grande partie des élèves n’avaient de toute façon pas accès aux filières générales de l’enseignement secondaire. Il ne fonctionne plus dans une école de masse qui a à gérer des talents et des aspirations scolaires de plus en plus diverses. Dans cette école de masse, l’obsession du classement scolaire qui est à la base de l’élitisme républicain et la vision dichotomique de la réussite qui sépare les vainqueurs et les vaincus de la sélection scolaire, aboutit donc à un système qui élimine plutôt que de promouvoir le plus grand nombre, qui produit du découragement et qui atteint l’estime de soi. Le paradoxe c’est que ce système méritocratique français très élitiste est théoriquement fondé sur une conception très exigeante de l’égalité: chacun doit avoir les mêmes chances. Mais ces principes égalitaires sont trop formels et finissent par produire les résultats inverses de leurs intentions.Stéphanie GARNEAU, Marc MOLGAT & Annie PILOTE: Trajectoire, parcours, carrière, bifurcation...? Les migrations pour études de jeunes francophones au Canada
À partir d’une recherche portant sur les migrations pour des études universitaires de jeunes originaires de contextes francophones minoritaires au Canada, nous discuterons des enjeux théoriques soulevés par l’usage des notions de parcours, de trajectoire, de carrière et de bifurcation. L'observation des transactions entre, d’une part, des acteurs politiques et institutionnels placés en tension entre une gestion comptable de l'enseignement supérieur et la défense de la francophonie et, d’autre part, des jeunes étudiants également pris entre deux rationalités, identitaire et instrumentale, permet de contextualiser spatialement et temporellement le vécu étudiant de ces jeunes. Nous montrerons la pertinence d’emprunter une approche analytique en termes de parcours, laquelle implique de resituer l'individu dans la pluralité des mondes sociaux traversés au cours de sa vie — mondes faits de structures sociales et de significations symboliques — tout en allouant des marges de contournement et d’appropriation individuelle et subjective aux acteurs sociaux.Madeleine GAUTHIER: Des représentations de la jeunesse
Le thème du colloque peut susciter diverses réactions. Une première est d’ordre émotif. Comment ne pas associer cette affirmation à cette autre qui magnifie le passé: "On n’a plus les jeunes qu’on avait...", une de ces phrases assassines du type "Le niveau baisse!" à laquelle Baudelot et Establet ont répondu: Le niveau monte (1989). Une deuxième réaction suscite le doute: "La jeunesse a-t-elle autant changé qu’on le dit?". Revient en tête Street Corner Society (Whyte, 1943). Comment alors éviter la comparaison avec La galère (Dubet, 1987) ou La rue attractive (Parazelli, 2002)? Enfin, finit-on par se dire: "Et si la jeunesse n’était plus ce qu’elle était..."! Remontent à la mémoire ces nombreux travaux sur la jeunesse depuis Rioux (1969), Dumont (1986), Galland (1991) et tant d’autres qui permettent de mettre en relief ceux d’aujourd’hui. Il y a tant à lire dans le regard... Jeunes d’hier ou jeunes d’aujourd’hui, ils ne cessent de révéler leur sensibilité à la conjoncture, mais aussi leur capacité d’agir et de réagir. Quel beau livre de chevet que Children of the Great Depression (Elder, 1974) pour préparer la trame de quelques représentations de la jeunesse.Jean-François GUILLAUME: "Comme Daniel dans la fosse aux lions...". Heurs et malheurs de l'institution scolaire en Belgique francophone
On peut considérer que la jeunesse est en grande partie ce que les dispositifs institutionnels font d’elle. Ou, en d’autres termes, que les pratiques juvéniles (celles des cohortes les plus jeunes) sont constituées en tant qu’objets d’analyse ou d’intervention dès lors qu’elles défient ou contredisent les logiques institutionnelles ou instituées. Tout un travail de catégorisation est alors mis en œuvre pour identifier, isoler, cerner, définir la spécificité de ces pratiques et pour orienter les actions correctrices auxquelles il convient de procéder. Bien souvent — voire de plus en plus souvent — la jeunesse est appréhendée sous l’angle des problèmes qu’elle soulève ou suscite. Certes, les institutions de socialisation sont aujourd’hui moins fortes ; elles sont en déclin parce qu’elles ne peuvent plus s’appuyer sur un programme institutionnel aussi fort ou sur des valeurs "hautes". Leur légitimité ne va plus de soi ; elle est à construire. Il se pourrait alors que les problèmes de la jeunesse nous apprennent beaucoup plus sur les défaillances ou les défauts des dispositifs normatifs et l’obsolescence des logiques institutionnelles que sur l’incapacité des jeunes à identifier, à adopter et à intégrer les normes de comportement attendues. Le fossé se creuse d’autant plus entre "les jeunes" (ou certains d’entre eux) et les représentants des institutions que dans le processus de transmission intergénérationnelle, l’ordre des places est bousculé par la diffusion de ressources nouvelles propres à certains contextes sociétaux. Ainsi, le développement actuel des technologies de l’information et de la communication a-t-il singulièrement modifié les rapports de domination basés à la fois sur les possibilités ou les chances d’accès à des ressources culturelles, cognitives et informatives, et sur le contrôle exercé sur leur diffusion.
Nous envisagerons cette double hypothèse au départ d’observations réalisées dans le cadre d’établissements scolaires situés dans des zones défavorisées (discrimination positive) et de travaux réalisés avec des futurs enseignants autour de la thématique de l’autorité. D’un côté, on montrera en quoi certaines dispositions légales contribuent à modifier ou à affaiblir le rapport à la norme. D’un autre côté, on s’attardera sur les schèmes qui structurent la représentation que se font les futurs enseignants de la relation pédagogique, ceux dont ils font usage pour identifier les problèmes susceptibles d’entraver le déroulement d’une leçon en classe, ceux qui transforment un événement, parfois anodin, en un incident parfois redoutable. On tentera ainsi d’appréhender les modalités du contrôle exercé sur les élèves, et les effets qu’ils induisent, à force de se répéter dans le cours des interactions quotidiennes. En nous attardant sur le cas précis de l’institution scolaire, nous suggérerons qu’il convient de prendre au sérieux les plus banales des routines, celles qui ne semblent pas dignes d’attention, mais qui portent en elles les caractéristiques les plus marquantes d’un processus d’encadrement de la jeunesse.Jacques HAMEL: Etudier et être étudiant, quelles valeurs chez les jeunes d'aujourd'hui?
Quelles valeurs revêtent étudier et être étudiant chez les jeunes d’aujourd’hui ? Après avoir défini la notion sous ce chef, on cherchera donc à cerner les valeurs à l’œuvre à l’égard 1) de l’engagement dans les études supérieures, 2) du rythme des études, 3) du temps consacré aux études et à celui passé dans les établissements, et 4) de l’identité étudiante L'étude ciblera les étudiants inscrits aux programmes collégiaux et universitaires en médecine, en travail social et en sociologie. L'exposé s'appuiera principalement sur les résultats d'un sondage en ligne conduit sur le sujet durant l'été 2007 (auquel ont collaboré près de 2 000 étudiants) et d'entrevues réalisées auprès d'un échantillon de cette population étudiante dont l'analyse s’établit, sous l'une et l'autre approche, à la lumière de la distinction entre valeurs "instrumentales" ou "expressives".
En bref, les valeurs acquièrent une qualité instrumentale lorsqu’elles s’axent sur une conception fondée sur la relation d’un moyen par rapport à une fin tandis qu’elles sont qualifiées "expressives" quand cette conception s’élargit à des "sentiments", voire à des symboles d’accomplissement personnel et d’identité.Edith HEURGON & Guillaume MACHER: Quelle adolescence pour quelle jeunesse? Comment grandit-on dans le Val de Marne?
En 2006, le Conseil général du Val de Marne, dans le cadre d’un partenariat avec le Centre culturel international de Cerisy, a animé une démarche de prospective partagée sur "Les rythmes de vie des adolescents" avec les objectifs suivants: mieux comprendre les ados, leurs manières d’être et d’agir, les regards qu’ils portent sur la société, les questions qu’ils se posent; les appréhender au travers de leurs pratiques de loisirs; croiser leurs regards avec ceux des parents, des éducateurs, des acteurs culturels; proposer des grilles de lecture permettant de les saisir en "situations" comme "sujets" en cours de construction, susceptibles d’apprendre des choses aux adultes sur l’évolution de la société ; nourrir le projet éducatif du département visant à promouvoir le développement individuel et social des collégiens.
Pilotée par un groupe réunissant des acteurs du département et de la ville (sous la direction de Boris Petroff et Françoise Daphnis), la démarche, d’une durée de trois ans, a connu plusieurs étapes faisant appel à une variété d’approches méthodologiques et donné lieu à plusieurs restitutions devant les divers publics concernés.
- une synthèse bibliographique et la formulation de questions prospectives (Edith Heurgon, prospectiviste) :
- une approche urbanistique et socio-économique pour repérer les pratiques et fabriques des jeunes à Vitry sur Seine, au travers de leurs déambulations (Nicolas Louvet et Marion Tillous, cabinet 6t) ;
- une recherche qualitative sur les pratiques de danse des adolescents au collège, au conservatoire et dans la rue, au travers de groupes de paroles et d’entretiens auprès des parents et éducateurs (Catherine Espinasse, psycho-sociologue) ;
- sur la base des résultats précédents, une enquête quantitative sur 3 collèges de Vitry (CSA) dépouillée avec le concours de Guillaume Macher (CERLIS) ;
- une synthèse de l’ensemble de la démarche avec les acteurs du département et de la ville (Edith Heurgon avec le concours de Guillaume Macher).
L’exposé envisage de présenter, d’une part la démarche d’intelligence collective mise en œuvre à cette occasion, d’autre part la synthèse des principaux résultats au regard de la problématique du colloque, enfin d’argumenter l’hypothèse prospective consistant à envisager les ados moins comme un groupe à risque que dans leur aptitude à constituer une ressource pour comprendre une société en mouvement.Denis JEFFREY: Penser la jeunesse après la période punk
Même si la notion de jeunesse demeure ambiguë, et qu’elle recouvre des réalités diverses et éclatées, considérons que le peuple jeune a souvent cassé les pieds du peuple adulte. Pourtant, au début des années 1960, une large frange de la jeunesse représente tous les espoirs de demain. Le monde doit changer, et la jeunesse participe, à sa manière, aux transformations des mentalités. Est-ce que le début des années 1980 marque la fin de cette période? C’est immédiatement après les années 1980 que la jeunesse commence à être dérangeante. Le mouvement punk, avec son slogan No future, est l’annonciateur d’une jeunesse qui a cessé de rêver. Ce no future signifie que l’avenir est bloqué. Depuis la génération punk, psychanalystes, sociologues, anthropologues, intervenants sociaux, éducateurs et enseignants cherchent à comprendre les dérives de cette jeunesse qui semblent s’engluer dans la jouissance de l’excès. On peut avoir l’impression que la jeunesse inquiète les adultes depuis qu’ils ne considèrent plus qu’elle est une force de transformation de la société. Ils s’inquiètent d’une jeunesse qui refuse des interdits, des limites, des normes, des paroles d’autorité. Mais faut-il s’en surprendre? Ce sont leurs aînés qui ont construit cette société dans laquelle les jeunes vivent. Certains aînés se plaignent parce que les jeunes, certains jeunes, sont orphelins du sens légué par les traditions. N’est-ce pas ces mêmes adultes qui ont rompu avec les traditions? Dans cette communication, nous discutons des représentations fortes de cette jeunesse occidentale qui a marqué notre histoire depuis les années 1960.Didier LAPEYRONNIE: Sexes, genres et ghetto
L'articulation de la "féminité" et de la "race" est centrale dans le ghetto. Elle pèse sur la façon dont les individus se construisent, dans le rapport aux autres et à soi, mais aussi dans la façon dont l'ensemble de la population s'organise. La féminité protège les jeunes filles du racisme. Elle leur permet, plus facilement qu'aux hommes, de sortir de l'enfermement. Pour, elles, le genre est dissocié de la race ou peut l'être. A l'inverse, les jeunes hommes sont soumis à un racisme omniprésent qui les enferme dans une apparence corporelle qui est aussi une appartenance de genre et un sexe. Le rapport entre la race des hommes et le sexe des femmes se trouve ainsi placé au cœur de la vie du ghetto et de l'expérience qu'en font les individus dès leur adolescence.Solange LEFEBVRE: Jeunesse et religion: perspective comparative entre l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord
Au terme d’une quinzaine d’années d’enquêtes successives sur la religion, en particulier le christianisme, et les groupes d’âge et générations, cet exposé réfléchit sur les conditions culturelles et sociales communes suscitant une transformation du paysage religieux contemporain, dans plusieurs pays d’Occident. Le groupe des jeunes, adolescents et très jeunes adultes, est révélateur. Le rapport aux religions se fonde à plusieurs égards dans leurs conditions psychosociologiques et culturelles. Il est aussi vrai que les contextes régionaux et nationaux induisent des particularités. Que peut-on nommer comme tendance commune? La jeunesse comme période de transition et de marge, investit le champ religieux selon cette condition liminale. Sur le plan sociologique du rapport aux institutions du sens, l’individualisation de la religion, comme tendance s’accentuant depuis la période d’après-guerre, est radicalisée au sein des jeunes générations, et même aux États-Unis, où l’on observe une forte dynamique du choix. Les jeunes investissent le champ religieux et, plus largement spirituel, avec leurs expressions culturelles. La distinction entre religion et spiritualité se trouve éclairante à ce titre. La privatisation du religieux, dimension inhérente au phénomène très discuté de la sécularisation, rend l’objet parfois insaisissable. Si bien que ce qu’on appelle "pratique religieuse" devient un objet multiple et subtil. L’exposé élaborera ces perspectives, tout en rendant compte de quelques résultats d’une recherche pancanadienne sur les jeunes adultes immigrés de deuxième génération et leur héritage religieux.Aurélia MARDON: Les négociations entre les parents et les enfants autour de l'apparence au moment de l'entrée dans l'adolescence
Les pratiques vestimentaires occupent une place centrale dans la construction de l’identité adolescente. Depuis plusieurs années, des recherches ont souligné la plus grande précocité avec laquelle les garçons et les filles affichent leur appartenance à la culture adolescente. Cet affichage s’opère dès l’entrée au collège et peut prendre plusieurs formes: celle de l’adoption de styles vestimentaires, ou celle de la sexualisation du corps. Face à ces transformations, les parents ne restent généralement pas passifs. Entre parents et enfants, les pratiques vestimentaires font notamment l’objet de négociations. Notre communication se propose de montrer la place de ces négociations dans la construction de l’identité vestimentaire des collégiens et des collégiennes. Elle s’appuiera sur des entretiens réalisés avec des préadolescents ainsi qu’avec des parents. Elle est issue d’une recherche portant sur la socialisation corporelle des préadolescentes qui était abordée à travers deux de ses enjeux, la puberté et l’apparence (Mardon, 2006).Références Bibliographiques :
Mardon, A, 2009, Les premières des jeunes filles: puberté et entrée dans l’adolescence. Sociétés contemporaines (A paraître).
Mardon, A, 2006