PREADOLESCENCE ET HYPERSEXUALISATION
(compte-rendu de la séance du Café du genre qui a lieu à Montpellier le 11 novembre)
Animé
par Françoise Mariotti, psychologue-psychothérapeute, spécialiste des
questions femmes-hommes, créatrice et animatrice des "cafés du genre",
qui ont lieu une fois par mois.
Françoise Mariotti commence par un exposé
rappelant que le concept de "préadolescence" est un concept récent dont
les bornes chronologiques sont floues. (Titeuf à 8 ans ? Lolita est
pré-pubère). Cette période ne correspond à rien de spécial du point de
vue de la psychologie cognitive (c'est "pendant" le stade piagétien des
opérations concrètes) ni du point de vue de la psychanalyse (c'est
"pendant" le stade de latence où justement la sexualité est moins
prégnante). Sur le plan du développement physiologique, on peut
constater que les filles ont leurs règles de plus en plus tôt.
Alors que penser de l'hypersexualisation de la pré-adolescence ?
C'est
un concept "marchand". Cela correspond à l'identification d'un groupe
de consommateurs pressentis. Cette tranche d'âge a de l'argent de poche
et est prescriptrice d'achat.
Ce concept est récent (8 ou 9 ans ?). Il cible des demandes et des besoins.
Question : pourquoi vendre de la sexualité à cette tranche d'âge et quels sont les rôles d'homme et de femme qui sont proposés ?
La
sexualité fait vendre; quel que soit l'âge. Maintenant les filles ont
des jouets qui sexualisent. Autrefois la valorisation du paraître était
plus tardive. Maintenant, dès 4 ans on leur vend des trousses de
maquillage. Sur investissement de la couleur rose pour les vêtements et
la décoration de la chambre.
L'hypersexualisation de la femme
objet entraîne les petites filles vers un surinvestissement du
paraître. Un des risques est l'anorexie.
Qu'en est-il pour les
garçons ? C'est Titeuf qui est le héros d'une exposition sur la
sexualité qui a eu lieu à la Cité des Sciences. Ce qu'on fait ressortir
aux garçons du corps des femmes : la maman, l'institutrice moche qui a
du poil au menton, l'infirmière aux gros seins. Machisme latent. Les
filles sont là pour être mâtées.
Un des rites de passage est le
passage au collège. Or dès la cinquième les 3/4 des adolescents ont
créé leur blog. Pour faire partie d'un groupe on doit partager la même
culture.
Quel est l'effet réel de ce phénomène dans les pratiques ?
Faut-il et comment contrer cette évolution ? En provoquant une
conscientisation du phénomène on fait s'interroger sur ce que cela
implique comme rôle de femme. Au Québec des groupes de parents se sont
emparés du problème et sont très actifs. Maguy Chailley.