SOUFFRANCE PSYCHIQUE DES ADOS
La Défenseure des enfants rappelle que 15 % des adolescents de 11 à 18
ans présentent des signes inquiétants de souffrance psychique
Suite aux deux décès d'adolescents survenus l'un à la maison d'arrêt de
Metz-Queuleu et le second à la maison d'arrêt de Strasbourg, la
Défenseure des Enfants, Dominique Versini, souhaite rappeler que le
suicide demeure la deuxième cause de mortalité en France chez les
jeunes âgés de 15 à 24 ans et qu'il y a - au moins - 40.000 tentatives
de suicide par an dans cette classe d'âge. Un tiers des adolescents
suicidants récidivent. L'absence de prise en compte du premier geste
par l'entourage du jeune constitue un facteur évident de récidive.
Dans son rapport annuel 2007 « Adolescents en souffrance, plaidoyer
pour une véritable prise en charge », remis en novembre dernier au
Président de la République, la Défenseure des enfants énonçait déjà que
les adolescents pris en charge dans les différentes structures de la
protection de l'enfance présentaient une souffrance psychique
supérieure aux autres. Les conduites à risques, les violences subies
(ou agies) sont aggravées : parmi les jeunes accueillis par la
Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) 6% des garçons et 41% des
jeunes filles ont été victimes de violences sexuelles, 9% des garçons
et 44 % des filles ont déjà fait une tentative de suicide, 22 % des
garçons et 40 % des filles ont fugué[1]. L'enquête de la PJJ indique
aussi que « ces jeunes ne sont pas indemnes de troubles somatiques et
psychologiques ».
La Défenseure des enfants souhaite rappeler quelques recommandations
qu'elle avait présentées dans son dernier rapport et qui sont
indispensables pour la prise en charge des jeunes en souffrance
psychique et en particulier dès les premiers signes observés lors des
années collèges :
. Généraliser une formation obligatoire de l'ensemble des
professionnels au contact avec les adolescents, dès le collège, sur la
psychologie de l'adolescent et le repérage des signaux d'alerte
(personnels de l'Education nationale, médecins généralistes et
spécialistes, magistrats) ;
. Systématiser la mise en place de réseaux interdisciplinaires
afin de garantir le repérage, l'orientation, la prise en charge et la
continuité effective des soins avec notamment un accompagnement
spécifique qui pourrait être mis en place pour tous les mineurs
accueillis par la Protection Judiciaire de la Jeunesse, placés dans les
centres éducatifs fermés ou emprisonnés dans les maisons d'arrêt, les
quartiers pour mineurs des prisons et plus récemment dans les
établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM);
. Développer des équipes mobiles de pédopsychiatrie pour intervenir
dans les lieux accueillant des jeunes en situation de grande souffrance
psychique - sur le modèle des équipes mobiles du Professeur Tordjman à
Rennes et du Docteur Garcin à Lille;
. Mettre en place un plan national pour régler la crise des centres
médico-psychologiques saturés (6 mois d'attente pour un rendez-vous) ;
. Créer des lits d'hospitalisation à temps complet dans les départements qui en sont dépourvus.
Paris, le 17 octobre 2008
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